mercredi 9 mars 2016

Comment ça va ?

"Comment ça va ?" est devenu une question des plus bizarre. Elle n'est pas déplacée pour autant, c'est simplement dur d'y répondre pour différentes raisons.

La première raison est l'inconstance de notre situation ; il y a des bons jours, des jours moyens et des jours catastrophiques. Parfois, on passe du premier au dernier en l'espace de quelques heures seulement. J'y faisais référence précédemment, pour expliquer pourquoi j'écrivais moins également ; l'information A est (trop) vite remplacée par l'information B et tout ce que j'aurais pu raconter tombe à côté de la plaque. Comment ça va ? Ça va, et 15 minutes plus tard, tu pleures. Ça va ?

La deuxième raison est liée à mon état uniquement. Je suis tellement blindée en ce moment que je ne peux pas dire si ça va. Je ne ressens rien. Alors oui, ça va, j'imagine.

Troisième raison, et pas des moindres ; le regard de l'Autre. "Et avec tout ce qui vous arrive, comment ça va ?". Si je réponds oui, que penses-tu de moi ? et si je répond non, que feras-tu pour aider à améliorer la situation ?
Du coup, il me reste "moyen" comme option. Ça va moyen.

Sur cet épineux sujet d'ailleurs, pour clarifier les choses ; je sais quand vous n'êtes pas d'accord, quand vous désapprouvez ou jugez mes décisions. Le fait est que ma perception du monde est très altérée, et que je commence à m'inquiéter de mon endurance et de ma force mentale. Si je ne trouve pas de choses à faire pour continuer à vivre, à quoi bon se battre ?

A ceux qui pensent que je ne pleure jamais (ou qui considère que seules des larmes ont de la valeur lorsqu'on parle de tristesse) ; vous avez tort. J'attends simplement que personne ne soit dans le coin. Ou j'écris.

Quand on regarde la personne qu'on aime souffrir, il n'y a pas de manuel de réactions et comportements. La seule certitude, c'est qu'on souffre aussi. On est au-delà d'un concept de tristesse, on descend un cocktail d'émotions fortes et dérangeantes ; solitude, abandon, impuissance, frustration, division, culpabilité.

C'est comme se tenir près d'un feu en plein blizzard. Tout va bien, et même si le feu s'éteint peu à peu, on ne réalisera vraiment ce qu'on a perdu que lorsqu'il sera éteint. Quoi qu'on fasse, c'est impossible de se projeter, et la morale n'a rien à voir là-dedans. Et moi, j'avais le plus beau feu de camp qu'on puisse imaginer.

La question, et donc le jugement -la morale ; je commence à avoir froid. Dois-je endurer jusqu'au bout et risquer de geler sur place, ou dois-je rallumer un feu ? On oppose quoi à quoi exactement ? Quelle est la meilleure option ? Chaque pas en avant vers une amélioration ou un moment de soulagement pour moi, et je suis fauchée par un avis désapprobateur et ma propre culpabilité.

Comme dirait un petit piaf avec une coquille sur la tête ; c'est trop injuste.